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A. I. Dovatur

THÉOGNIS ET SON ÉPOQUE

Aristid Ivanovic Dovatur (Aristide Devautour), 1897—1982, un des spécialistes de l’Antiquité les plus remarquables de l’école de Léningrad à une époque trop riche en événements historiques dramatiques, ne verra pas, hélas, ce livre posthume. C’est un recueil d’écrits divers dont certains ont été publies et d’autres demeuraient inédits. Le comité de rédaction a tenu à mettre à la disposition du lecteur des études et des ébauches datant d’années diverses afin de mettre en évidence l’immense travail qu’Aristid Dovatur a consacré à l’oeuvre de Théognis de Mégare et de faire connaître sa conception tant du Corpus Theognideum que de la révolution mégarienne. Parallèlement, le lecteur observera la stratégie historico-philologique de ces travaux qui, malgré la diversité des styles, sont toujours un modèle de méthode. Même quand il ne l’a pas cherché, l’oeuvre du professeur Dovatur a une valeur didactique incontestable.

Dans la quaestio Theognidea l’auteur adopte résolument un point de vue unitaire, il est de ceux pour qui le corpus est l’oeuvre d’un seul poète, Théognis, natif de la Mégare de Nisos. Toutefois, il préfère s’appuyer sur les poèmes dont l’authenticité ne prête pas à controverses pour la grande majorité des chercheurs. Selon lui, Théognis a vécu dans la seconde moitié du VIe et au début du Ve s. avant n. è.

L’intuition maîtresse de A. Dovatur — à la fois fruit et prémisse de ses études théognidéennes — est que les rapports sociaux de l’époque ont trouvé dans la poésie de Théognis un reflet subjectif, et même éminemment subjectif. Aussi, les «témoignages» que nous trouvons dans le corpus ne doivent-ils pas être naïvement interprétés comme des documents. Si, par exemple, le poète semble diviser toute la société en «bons» et «mauvais» (selon leur origine noble ou roturière), en réalité, comme le prouvent ses propres poèmes, cette distinction avait déjà été balayée par l’histoire et remplacée par une autre, entre les riches et les pauvres. Ceux que le poète appelle les «siens», se détournent en fait de l’aristocratie appauvrie et se mêlent aux riches parvenus issus du demos, contractent avec eux des liens matrimoniaux et partagent avec eux des intérêts communs dans la vie quotidienne. Théognis s’indigne d’une situation devenue depuis longtemps un fait accompli. Il s’entête à mépriser quiconque n’a pas une origine aristocratique: pour lui, ils demeurent des «vilains», etc. La lutte de Théognis et de ses rares compagnons d’idées contre les normes qui l’ont emporté dans la société, la défense par eux d’idéaux dépassés ne pouvaient aboutir qu’à une défaite totale.

L’étude des passages se rapportant à la guerre et aux hostilités conduit l’auteur à la conclusion qu’ils témoignent nulle part d’une par-

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ticipation de Théognis à la guerre civile à Mégare. Ce qu’Aristote a pu nous apprendre sur les luttes politiques et la guerre civile à Mégare cadre mal avec l’époque du poète. D’où cette conclusion: bien que Théognis ait indéniablement pris une part active à des débats politiques orageux, il n’a été ni un contemporain, ni a fortiori un acteur de la guerre civile. A la différence du Vieil Oligarque, auteur de la Constitution d’Athènes Jadis attribuée à Xénophon, le poète de Mégare, dans ses prises de position politiques, prend fait et cause pour les «riches» contre le demos, mais ne considère comme ses alliés véritables que les aristocrates; il met tout le reste de la population de sa ville dans la même sac des «vilains», exception faite seulement pour l’ancienne noblesse.

Les idéaux sociaux défendus par Théognis, de même que son appel à la restauration d’un régime depuis longtemps dépassé, étaient condamnés à l’échec. Le poète ne pouvait rallier un nombre suffisant de partisans et, vers la fin de sa vie, privé de sa fortune et de sa position sociale, il se trouva dans l’isolement. Fait caractéristique, malgré l’obstination avec laquelle le poète gardait fidélité à ses principes, on peut déceler une certaine évolution dans ses propres vues sur la transmission héréditaire des vertus et des vices: la vie changeante convainc de plus en plus le poète de l’influence exercée sur l’homme par son milieu social.

Le lecteur trouvera facilement les analyses de divers poèmes grâce à Vindex locorum où sont soulignés les passages faisant l’objet d’un examen circonstancié et original.

Подготовлено по изданию:

Доватур А.И.
Феогнид и его время. — Л.: "Наука", 1989.
ISBN 5-02-027167-5
© Издательство «Наука», 1989 г.



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